Le 1er février dernier, la Fondation Abbé Pierre présentait son 29ème rapport sur l’état du mal-logement en France, qui met en lumière la problématique du logement précaire et du sans-abrisme. Elle y analyse les politiques publiques conduites en matière de logement et commente les chiffres du mal-logement.
Alors que l’année 2023 marque les 70 ans de l’appel de l’Abbé Pierre, la crise du mal-logement a des conséquences économiques et sociales de plus en plus dévastatrices pour les populations les plus vulnérables, laissant des milliers de personnes sans abri ou vivant dans des conditions précaires.
Les chiffres alarmants recensés durant l’année 2023 soulignent l’ampleur de la crise, notamment en termes d’impayés, de demandes de logement non pourvues et de personnes sans domicile.
On observe une augmentation significative du nombre de personnes sans solution d’hébergement alors même que 1340 enfants en moyenne sont sans hébergement chaque soir. Les demandes non pourvues au 115 ont augmenté, avec 8351 personnes en demande non pourvue chaque soir, dont 2800 demandes d’hébergement émanant d’enfants, contre 920 en automne 2020.
L’accès au logement social se détériore également, en particulier pour les ménages les plus modestes, malgré la politique du « Logement d’abord ». 2,6 millions de ménage sont en attente d’un logement social, la demande étant 4 à 5 fois supérieure à l’offre de logement annuellement.
Cette crise du logement se déroule dans un contexte de montée de la précarité et de la pauvreté, avec une augmentation du chômage et des inégalités. Les chiffres révèlent également une augmentation significative du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté: 9,1 millions en 2021 soit 1,5 million de plus que 20 ans plus tôt. Cela a notamment pour conséquences l’augmentation de la demande d’aide alimentaire.
Enfin, les alertes concernant la crise du logement touchent désormais de nouveaux publics. Les étudiants sont confrontés à des loyers en hausse: 36% d’entre eux se privent régulièrement d’un repas et 39% d’entre eux renoncent à se chauffer.
Le rapport met en avant que les mesures prises restent insuffisantes pour faire face à l’ampleur de la crise et répondre aux besoins urgents des populations.
Certaines spécificités dans les territoires d’Outre-mer, telles que des situations foncières complexes ainsi que l’absence de régularisation, augmente le nombre d’habitat informel ou spontané, souvent précaire et insalubre, particulièrement répandu à Mayotte et en Guyane. D’après le ministère des Outre-mer, l’habitat insalubre concernerait près de 110.000 logements sur un parc total de près de 900.000 logements (soit 12 %).
L’habitat informel est en constante croissance, en partie en raison de l’immigration depuis les pays voisins. Le rapport souligne pourtant une absence de proposition de relogement.
Il existe d’autres formes d’habitat dégradé, y compris des logements traditionnels qui ne répondent plus aux normes minimales de décence. Les territoires d’Outre-mer sont également confrontés à des défis liés à la construction de logements sociaux.
Enfin, le changement climatique aggrave la situation en exposant davantage les habitants à des phénomènes naturels extrêmes tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes. Les politiques de lutte contre l’habitat indigne doivent donc adopter une approche multidimensionnelle et inclusive pour garantir des solutions durables et équitables.
La Fondation Abbé Pierre fournit une estimation du nombre de personnes touchées par le mal-logement en France, en se basant sur des données de l’enquête nationale Logement (ENL) de l’Insee de 2013 et des résultats partiels de l’ENL 2020, ainsi que des données administratives.
Selon leur analyse, 4,2 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel, tandis que 12,1 millions de personnes sont affectées à différents degrés par la crise du logement.
Parmi les personnes privées de logement personnel, on estime à 330 000 le nombre de personnes sans domicile fixe, et 643 000 personnes vivent chez des tiers de manière contrainte.
En outre, 2 874 000 personnes vivent dans des conditions de logement très difficiles, tandis que 1 128 000 vivent en surpeuplement accentué.
Ces chiffres sont complétés par 31 000 résidents de foyers de travailleurs migrants en attente de rénovation et 208 000 personnes en habitat mobile dans de mauvaises conditions.
Les tendances indiquent une aggravation de la situation pour la plupart des indicateurs de mal-logement. Par exemple, le nombre de personnes sans domicile a plus que doublé depuis 2012, et celui des personnes en surpeuplement accentué a augmenté de 16 % entre 2013 et 2020. De plus en plus de personnes subissent un effort financier excessif pour payer leur logement, ce qui se traduit par une augmentation des coupures d’énergie et des expulsions locatives.
Certaines spécificités dans les territoires d’Outre-mer, telles que des situations foncières complexes ainsi que l’absence de régularisation, augmente le nombre d’habitat informel ou spontané, souvent précaire et insalubre, particulièrement répandu à Mayotte et en Guyane. D’après le ministère des Outre-mer, l’habitat insalubre concernerait près de 110.000 logements sur un parc total de près de 900.000 logements (soit 12 %).
L’habitat informel est en constante croissance, en partie en raison de l’immigration depuis les pays voisins. Le rapport souligne pourtant une absence de proposition de relogement.
Il existe d’autres formes d’habitat dégradé, y compris des logements traditionnels qui ne répondent plus aux normes minimales de décence. Les territoires d’Outre-mer sont également confrontés à des défis liés à la construction de logements sociaux.
Enfin, le changement climatique aggrave la situation en exposant davantage les habitants à des phénomènes naturels extrêmes tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes. Les politiques de lutte contre l’habitat indigne doivent donc adopter une approche multidimensionnelle et inclusive pour garantir des solutions durables et équitables.
70 ans après l’appel de l’abbé Pierre, le logement est malheureusement toujours au cœur de la dignité due aux personnes en difficultés.
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